« Avoir des yeux partout »
Il est un rôle primordial les jours de courses que le visiteur, parieur connaît moins que les drivers et entraineurs : le commissaire. Véritable arbitre de la réunion, il est de celui à qui on doit montrer patte blanche avant de courir et à qui on se réfère en cas de disqualification par les juges aux allures par exemple.
Interview de Jean François commissaire aux courses depuis 2016, qui nous explique de son rôle à l’hippodrome les jours de réunion mais aussi le parcours pour devenir commissaire :
- Comment devient-on commissaire aux courses ?
Il faut être membre d’une société de courses qui va faire une demande à la fédération à laquelle elle est rattachée afin de participer à une formation qui se fait en deux temps : un temps seul où on doit apprendre par cœur le « code des courses », puis un temps à Paris sur deux jours où l’on fait un visionnage conséquent de situation de courses avec examen écrit sur la connaissance des infractions et des prises de décision sur visionnage vidéo. Une fois qu’on a l’examen on peut avoir un agrément pour chacune des fédérations.
- Est-ce que vous choisissez le type de course pour lequel vous souhaitez devenir commissaire ?
Non, nous devons passer l’examen pour le trot et le galop obligatoirement et donc connaitre le code pour les deux disciplines.
- J’imagine que comme dans d’autres sports, le règlement évolue, ainsi que le code ?
Exactement, il y a des mises à jours qui sont faites environ deux fois par an à propos des infractions en fonction des situations de courses observées sur les hippodrome tout au long de la saison, lorsque les commissions se réunissent à la suite d’une réclamation par exemple, il peut y avoir une modification du règlement.
De notre côté nous avons en plus une formation obligatoire tous les 3 ans, mais il est possible d’en faire une par an, ce qui est recommandé.
- Combien est rémunéré un commissaire aux courses par réunion ?
En province nous sommes bénévoles et donc simplement défrayés des frais kilométriques pour nos déplacements. C’est différent à Paris, les commissaires sont rémunérés. De fait de la non-rémunération, il y a de moins en moins de commissaires car les départs de commissaires sont plus nombreux que les arrivées, il y a environ 280 commissaires dans les fédérations, qui peuvent participer à 90 réunions par ans maximum, comme il en faut 3 par réunion, parfois en fin d’année c’est compliqué de trouver suffisamment de commissaires.
- A quoi ressemble une journée de réunion pour un commissaire ?
Sur une réunion nous sommes 3, avec les 1er commissaire qui est le dernier décisionnaire, lorsque tous ne sont pas d’accord. En arrivant, on fait un tour d’hippodrome avec le régisseur pour vérifier les conditions de courses et l’état de la piste, ensuite on vérifie les non-partants, les non conforme (ils ne sont pas empêchés de courir cependant ils sont amendables. On note tout ce qui est hors code, oubli de casaque, vaccin qui n’est pas à jour, afin de dresser un PV.
Ensuite avec le vétérinaire on décide quels chevaux seront contrôlés après les courses. Sur une grosse course on prendra automatiquement le 1er puis on aura déterminé à l’avance entre le 2nd et le 5ème qui verra la vétérinaire. Sur des courses à moins d’enjeu on peut décider que ce sera le 3ème et le 5ème par exemple. On peut également demande run contrôle pour les jockeys.
Une fois que les courses ont débuté, grâce à toutes les caméras qu’il y a sur l’hippodrome, on juge la course, son déroulement. D’une possible insubordination au départ à des « faits de courses » on convoque les jockeys, cela peut aller jusqu’à la mise à pieds. On travaille également avec les juges aux allures en réunions de trot, pour par exemple vérifier les images sur une disqualification, on recompte ensemble le nombre de foulées effectuées au galop. On regarde aussi aux images le nombre de coups de cravache qui ont été donnés, le bien être animal est central aujourd’hui et on y fait très attention.
- Au final vous suivez les courses mais devant un écran
Oui c’est vrai, on travaille aux jumelles pendant la course et ensuite beaucoup avec les caméras car tout doit être justifié aux personnes concernées par nos décisions, de plus pendant les courses on doit avoir les yeux partout, ce qui en conditions réelle est trop compliqué, il faut donc que les 3 commissaires voient et revoient les images plusieurs fois afin d’être certains de prendre la bonne décision et expliquer à un entraineur ou un driver le choix qui a été fait.
Acteurs centraux des réunions hippiques, les commissaires ont de nombreuses responsabilités qui permettent aux professionnels et aux parieurs de vivre sereinement les courses. Vous l’aurez compris cependant, ils sont de moins en moins nombreux, avis aux amateurs
Propos recueillis par Encrez votre Histoire.